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Minéraux du viaduc de Millau et de ses alentours

Vue du viaduc en juin 2004
photo C. Bruno
Ville de Millau et ses plateaux calcaires
photo C. Bruno

 

Millau, ville de 22500 habitants, sous préfecture du département de l’Aveyron, est située sur l’axe A75, nouvelle autoroute reliant Clermont-Ferrand à la Méditerranée. Le franchissement de la vallée du Tarn à cet endroit nécessitait la réalisation d’un ouvrage titanesque : le viaduc de Millau . Celui-ci devait initialement être réalisé par l’état, l’idée de la mise en concession n’étant intervenue que beaucoup plus récemment. Ce n’est qu’en novembre 1998, que la direction des routes a lancé l’enquête publique de la mise en concession, et ce n’est bien entendu qu’après celle ci que les travaux ont pu démarrer. Cette portion portait sur le trajet de l’A75 du col d' Engayresque (20km au nord de Millau ) à la Cavalerie (20 km au sud), zone incluant bien entendu le viaduc.

D’un point de vue purement minéralogique, la portion sud, située sur le plateau du Larzac n’a guère apporté de pièces intéressantes. Signalons simplement quelques géodes de calcites dans les calcaires et dolomies du Bathonien.
La partie située au nord de Millau, sur ce que l’on appelle communément le Causse Rouge s’est révélée d’un tout autre intérêt. Il s’agit en fait de calcaires dolomitiques entrecoupés de niveaux marneux et calcaires s’étalant du Trias au Lias supérieur en passant par l’Hettangien et le Sinémurien. C’est au demeurant plus particulièrement sur une partie de cette zone allant de la culée nord du viaduc à Saint Germain soit sur environ 5 km que se sont trouvées les pièces les plus intéressantes

Les travaux exécutés dans cette zone, relativement restreinte, ont été très importants. Ils intègrent, outre les terrassements nécessaires à la réalisation de l’autoroute dont la largeur de la chaussée atteint jusqu'à 27m50, les énormes travaux concernant la barrière de péage du viaduc et ceux de la culée nord de ce même ouvrage ainsi que l'aire de repos de Brocuejouls et l’échangeur de Saint Germain. Si l’on ajoute à ces travaux strictement autoroutiers, mais dans le même périmètre les dessertes secondaires et l’aménagement de plates formes sur la toute proche zone d’activité de Millau Lévézou, ce sont des centaines de milliers de mètres cubes qui ont été décapés. Bien qu’il s’agisse d’un causse, c’est à dire d’un plateau karstique les dénivelés sont assez prononcés et les volumes extraits ont servi dans leur quasi-totalité à combler certaines zones, tout particulièrement au niveau de la plate forme de péage

Ces travaux qui se sont étalés sur plusieurs années sont aujourd’hui terminés, tout du moins pour la partie autoroutière. En effet le respect du timing était indispensable pour que soit effectué l’aménagement complet du tronçon et que celui ci puisse coïncider avec la mise en circulation du viaduc, dont l’inauguration est prévue vers le 20 décembre 2004.Ils ont nécessité la participation d’entreprises tout à fait performantes. Il faut noter que si des entreprises nationales comme Muller ou Roger Martin sont intervenues, la part qui est revenue aux entreprises locales (Connes et Sévigné SA), il est vrai de taille tout à fait respectable, à été réellement significative.

Les amateurs de minéraux étaient au demeurant attentifs à ce qui se trouverait sur cette portion du Causse Rouge car la minéralisation Baryte/cuivre y était déjà fortement connu. Les indices de Brocuejouls et de Gales en particulier, déjà connu à l’époque romaine, puis au 19 siècle ayant même encore été exploité jusque vers le milieu du 20 siècle.

Les minéraux trouvés ont été relativement nombreux et par endroit bien exprimés. De manière quasi systématique les géodes sont recouvertes de carbonates de type ankerite /sidérite. C’est sur cette gangue que se sont implantée quelquefois de manière tout à fait intéressante un certain nombre de minéraux.
Les minéralisations se sont établies dans les vides d’un ancien modelé karstique datant du Sinémurien supérieur ainsi qu’à la faveur d’une fracturation postérieure. Sur le terrain, elles se rencontrent donc de manière tout à fait aléatoire, sous la forme de poches isolées, sous la forme de filons, ou alors à la rencontre chanceuse d’un gros réseau karstique. On peut, dans ce dernier cas, avoir un nombre impressionnant de poches et de filons minéralisés, sur une surface pas plus grande qu’une centaine de mètres carré.

La Baryte : très présente, sur presque toute la longueur du trajet, culée nord – Saint germain. C’est malgré tout dans cette dernière partie et tout particulièrement sur une centaine de mètres qu’elle s’est le mieux exprimée. Les géodes, souvent remplies partiellement d’empilement de roches, allaient d’une taille modeste de l’ordre de quelques centimètres, jusqu’à des cavités pluri-mètriques. Translucide à opaque, de couleur blanche à jaune, et parfois teintée d’oxydes, ce qui lui donne des teintes rougeâtre ou noire, elle se rencontre le plus souvent sous forme crêtée et plus rarement tabulaire. A noter que les deux faciès peuvent être associés sur une même pièce. Les pièces dites « flottantes » ont été trouvées dans les « argiles ».
Elle est fréquemment sur tout ou partie recouverte de calcite mais peut aussi servir de support à un certain nombre de sulfures. C’est incontestablement compte tenu de la diversité des pièces trouvées, et de sa relative abondance le minéral phare de ce site.
Si comme généralement en minéralogie les pièces de petite taille sont les plus esthétiques, précisons tout de même que des pièces de 50 kg et plus ont été trouvées.

La Chalcopyrite : les cristaux posés le plus souvent sur l’ankérite sont généralement oxydés et recouverts de malachite et d’azurite. Ces deux minéraux sont parfois cristallisés, y compris la malachite et offrent des couleurs qui peuvent être très vives.
Pouvant atteindre une taille respectable (2cm) , leur brillance et le contraste avec leur support en font des pièces originales et minéralogiquement intéressantes. Les pièces de qualité ont cependant été trouvées en nombre extrêmement restreint, tout comme les pièces de cristaux posés sur Baryte.

La Tétraedrite : plus rare, cet autre sulfure de cuivre est également présent dans des conditions identiques , c’est à dire en cristaux isolés posés sur une gangue d’ankérite.

Les autres sulfures : parmi les minéraux également exprimés de manière macroscopique et parfaitement identifiable à l’œil, citons :

  - la Pyrite : fortement oxydée et de couleur noire
- la Bournonite : Elle est présente dans certaines zones de contact avec la Baryte massive (cristaux atteignant 2 cm). Elle est généralement recouverte, voire pseudomorphosée en Bendhemite.
- La Galène : directement déposée sur la gangue calcaire ou posée sur l’ankérite elle reste rare et les cristaux ne dépassent pas les 5 mm.

 

L’Aragonite : Si elle est globalement rare elle peut être localement abondante se présentant soit sous forme de masses mamelonnées de couleur blanche, soit en cristaux aciculaires translucides.
Les autres minéraux : la liste ci-dessus n’est pas exhaustive et d’autres minéraux pour certains en cours d’identification ont été trouvés. Parmi eux le Quartz et certains oxydes de fer et sans doute de manganèse.

 

Ce chantier, il est vrai exceptionnel par son importance, a montré une nouvelle fois l’intérêt que les travaux routiers pouvaient réserver sur le plan minéralogique. Ceci est d’autant plus vrai que les minéralogistes nombreux au demeurant qui ont eu l’occasion de faire des recherches dans ce secteur, l’ont fait dans un esprit « bon-enfant » qui s’est traduit par des rapports très courtois avec les ouvriers opérant sur ces différents chantiers.

Cette cohabitation intelligente et bien perçue semble suffisamment rare pour mériter d’être signalée. Dans la mesure ou le minéralogiste se contente de la recherche de minéraux, sans dégrader quoi que ce soit, la communication et le bon sens font le reste.

 

Bernard Dincuff
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