La
nécessité d'un témoignage
L'histoire
de la mine de fluorine de Valzergues est courte, mais ce gisement est connu mondialement
des collectionneurs de par les pièces minéralogiques qu'il a fournies.
Certes, cette mine n'a existé que pendant une cinquantaine d'années,
mais il serait dommage de laisser dans l'oubli une exploitation à laquelle
des hommes, des femmes et même des enfants ont consacré une importante
partie de leur vie.
La
France, de par son riche patrimoine minier, possède de vastes réserves
en spath-fluor ; celles-ci ont été exploitées en plusieurs
dizaines de mines, dont certaines subsistent encore. Mais pour combien de temps?
En effet, elles tendent à disparaître, mais doit-on pour autant oublier
ce que fut la vie de nombreux mineurs ?
Dès
que l'on aborde ce sujet, une sorte de censure apparaît. Souvent les propriétaires
trop pudiques ne veulent pas se livrer à des confidences et les informations
sont jalousement gardées. Certes, les travaux ne furent pas réjouissants
tous les jours, effectués parfois dans des conditions d'exploitation "artisanales".
Mais est-ce une raison pour que l'oubli s'installe?
Quartz biterminé sur fluorine (filon jaune) |
Fluorine, chalcopyrite et quartz (mine-filon de
quartz fluoré) |
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Il
m'est ainsi apparu nécessaire, afin que cette petite exploitation ne sombre
pas dans le néant, d'apporter un témoignage écrit d'une
réalisation humaine, par respect pour ceux qui s'y sont investis. |
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Exceptionnelles
mâcles provenant du filon jaune. |
D'autre
part, il me semble inconcevable de posséder des pièces minéralogiques
sans s'intéresser aussi à la vie de l'exploitation dont elles proviennent.
De plus, les minéraux n'apparaissent en collection que suite à un
travail d'exploration et on doit aussi se pencher sur le travail des prospecteurs
qui ont permis la création des mines..
Peu
de documents existent sur cette exploitation qui n'a été active
que cinquante ans durant, et de plus, ceux-ci sont difficilement accessibles.
Je tiens quand même à faire le premier pas vers Valzergues, afin
de partager avec vous lecteur, la joie de pénétrer dans ce monde
souterrain, de sentir cette humidité particulière et d'évoluer
dans le silence des galeries à la lueur de votre lampe, silence troublé
par quelques gouttes d'eau qui tombent et vont se perdre dans le sol, peut-être
pour participer à l'élaboration de nouvelles veines de minerai que
nous ne pourrons jamais voir...
L'ouvrage
" La Mine de fluorine de Valzergues " a pour but de pérenniser
la mémoire des hommes, afin que les générations futures sachent
que, derrière les froids mots " d'archéologie industrielle
", se cachent une expérience et une chaleur humaine que seuls les
mineurs étaient capables d'apporter et de ressentir.
La
MINE
| Découvert
en 1923 par Victor Lassale, le gisement de fluorine de Valzergues fut exploité
pendant la période de plein essor de l'industrie de l'acier et de celle
de l'aluminium. Plusieurs sociétés se succèdèrent
(voir sommaire). Son histoire fut donc étroitement liée aux conjonctures
économiques, et c'est ainsi qu'au début de la décennie 70,
elle cessa d'exister en tant que site exploitable. |
Son historique
fut également lié aux personnages de la mine. En effet, ces derniers
ne maîtrisèrent pas les relations complexes entre le coût de
l'exploitation, l'environnement géologique, la teneur en minerai et le
tonnage extrait. Ainsi, la mine connut des périodes d'activité et
de longues périodes d'abandon.Il y a maintenant un peu plus de deux décénies
de cela, un exploitant eut la prudence de poursuivre des investigations de manière
plus rigoureuse afin de juger des capacités réelles du site.
Aussi, compte tenu du fait que l'extraction de la fluorine française
était plus coûteuse que celle en provenance d'autres pays, aucune
suite ne fut donnée. L'exploitation tomba dans l'oubli...Les minéralogistes
ne l'oublièrent cependant pas. Le Filon Jaune subissait de plus en plus
d'investigations, et livra des pièces minéralogiques remarquables
qui firent de cette mine un gisement renommé mondialement. Des cubes de
fluorine jaune ambré, avec ou sans zone de coloration bleue, se retrouvèrent
vite dans les grandes collections.
La mine proprement dite continua
aussi à être explorée et livra quelques-uns de ses secrets.
Cette mine fait partie de l'Histoire (non seulement locale, car le minerai était
destiné à l'ensemble de l'hexagone et à l'étranger),
et représente également le témoignage du travail d'hommes,
de femmes et d'enfants. Actuellement, il ne semble pas qu'il soit important de
conserver ce patrimoine géologique et c'est ainsi qu'un vaste programme
de mise en sécurité des anciennes exploitations souterraines est
en place.
Entrée principale
de la mine (TB326) en janvier 2002 | Valzergues
n'a pas eu à subir de mise en sécurité administrative : au
cours de l'année 2001, le triste comportement d'un club de "minéralogistes",
a eu pour conséquence de hâter la fermeture de la mine par le propriétaire
du terrain.
Des indiscrets ont eu l'indélicatesse de réouvrir d'une manière
bien visible, et quelques mois après (07/2003) le propriétaire a
de nouveau refermé avec une quantité non négligeable de ciment...
La discrétion et le respect ne semblent pas faire partie de l'éducation
de certains... ce qui provoque l'amalgame avec ceux qui travaillent proprement
et qui respectent les sites. |
Géode
de fluorine Filon Jaune Photo A. Pouget |
Fluorine
violette provenant du filon jaune. Découverte 2004
photo : G. Mazankiewicz |
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Cheralite sur
conichalcite de Valzergues Collection
et Photo Jacques Valverde - jacques.valverde@ele2.fr |
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Pour
les amoureux du patrimoine et des "vieilles pierres", il faut savoir
que la cheminée du l'hotel de ville de Valzergues a été réalisé
en barytine de Montpestels. Cette exploitation est voisine de la mine de fluorine
de Valzergues, et son histoire y est étroitement liée (voir livre). Photo
: J. Dintilhac © 2005 |
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| L'en-tête
des enveloppes de Valzergues avec la mairie dans laquelle se trouve la superbe
cheminée. | |