La liste des utilisations secondaires de la fluorine ou du fluor s'est accrue ces dernières années. Outre leur emploi dans certains herbicides et enduits pour la conservation du bois, on mentionnera quelques utilisations relativement plus importantes économiquement :

2.3.1. La fluorine en optique : lentilles et fibres optiques

La fluorine est employée en optique en raison de sa transparence, sa faible dispersion chromatique, l’extrême faiblesse de son indice de réfraction et la constance de celui-ci pour les différentes longueurs d'ondes, et son haut pouvoir de transmission de la lumière infrarouge et ultraviolette. En outre, la plupart de ces propriétés permettent en photographie la formation d’une image de très haut rendement, lumineuse et piquée, sans commune mesure avec celle des verres classiques.

photo prise avec un objectif comportant des lentilles en fluorine artificielle ! (copyright Marenthier)

Les macrocristaux naturels utilisables pour ces applications étant extrêmement rares, on leur a substitué des macrocristaux synthétiques. En France, la faisabilité de ce procédé a été réalisée dans les années 1980, où la Société pour la Réalisation et l'Etude de Monocristaux (SOREM) a exploité dans ce but un gisement de fluorine très pure au Col du Pourtalet (Pyrénées). Dans son usine de Pau, elle obtenait par recristallisation une fluorine épurée dénommée Anapol, au diamètre maximum de 140 mm, et une fluorine de qualité standard au diamètre maximum de 200 mm. Aux USA, on a mis au point à la même période une méthode pour fabriquer des morceaux de plus grande taille.

La fluorine synthétique est utilisée couramment en microscopie pour la fluorescence ultraviolette. La fluorine est beaucoup utilisée dans les objectifs dits apochromats où les aberrations chromatiques sont particulièrement bien corrigées, par exemple dans les instruments optiques spatiaux et en astronomie. Le spectrographe Astragal, calculé par le Centre de Recherches et de Calculs Optiques (CERCO) est installé au foyer Cassegrain du télescope de deux mètres de l'observatoire du Midi.

Outre la fabrication des lentilles, cette industrie se décline aussi par la fabrication de prismes, réseaux et nacelles.
Parmi les produits dérivés de la chimie du fluor, on utilise en optique des fluorures métalliques comme le fluorure de magnésium. Déposés en film mince sur les lentilles d'appareillages optiques, ils diminuent l'intensité de la lumière réfléchie et augmentent donc la luminosité.*
Enfin, divers fluorures (principalement de strontium, de lithium et accessoirement de calcium) entrent dans la fabrication des fibres optiques et ce débouché est assez important économiquement.

Orientation bibliographique:

Feraud Jean (1999)-Mémento des roches et minéraux industriels : la fluorine ou spath fluor. Rap. BRGM R 40825

* Les verres à fluorite et à faible dispersion
Les fabricants d'optique utilisent des verres à fluorite (CaF2) et des verres à faible dispersion (connus sous plusieurs marques commerciale, comme ED) pour fabriquer les objectifs des longues-vues capables de réduire l'aberration chromatique longitudinale, qui est responsable de la zone violacée notée parfois autour des objets très contrastés quand on les observe avec un fort grossissement (même s'ils sont exactement au centre de l'image).
Ce défaut est différent de celui où l'on note des bords colorés autour des branches, des lignes téléphoniques ... à la limite du champ de vision. Cette seconde anomalie est appelée différence chromatique d'agrandissement, ou la couleur latérale et est davantage liée à la conception de l'oculaire qu'à la composition du verre.
Théoriquement et contrairement à ce qu'annoncent certains fabricants, le traitement à la fluorite n'est pas très utile dans de bonnes conditions de lumière. Cependant, des études sur le terrain suggèrent que ce traitement est important lors des forts grossissements (60-70x). Il améliore également les performances si vous observez dans des conditions où la lumière est faible (aube, crépuscule sous-bois).