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2.1.2.
Chimie organique : réfrigérants
La fabrication de lacide fluorhydrique débouche surtout sur
l'autre domaine considérable qu'est la chimie organique. Le principal
marché de la chimie organique de lacide fluorhydrique est
le marché des composés fluorés organiques ou fluorocarbures
appelés communément fluorocarbones, de la famille des alcanes.
La chimie organique a donné des sigles rébarbatifs à
ces produits qui sont nombreux et très différents, afin
de les classer par familles de propriétés et de débouchés.
On y distingue
:
- les chlorofluorocarbones ou CFC (qui ont connu un essor considérable
à partir de 1930 jusqu'à ce qu'ils soient interdits par
le protocole de Montréal en 1987) ;
- les hydrochlorofluorés ou HCFC ;
- les hydrofluorocarbones ou HFC (sans chlore).
Leurs usages principaux sont très diversifiés mais ils se
rangent dans deux grands types : les fluides et les matières plastiques.
De nombreux mélanges de fluorochlorocarbones sont employés
comme mélanges réfrigérants (fréons) et comme
gaz propulseurs des aérosols. Leur autre principal débouché
est la fabrication de matières plastiques fluorées, la fabrication
des mousses souples (matelas, coussins) ou des mousses rigides (installations
thermiques et phoniques) employées dans l'ameublement et dans l'industrie
automobile.
Parmi les débouchés d'importance économique secondaire,
on utilise la propriété du fluorure dhydrogène
formé par action directe du fluor sur lhydrogène de
dégager une grande quantité dénergie et de
posséder une excellente impulsion spécifique, doù
son emploi pour la propulsion des fusées (propergols).
Il est aussi
souvent employé comme catalyseur dans de nombreuses réactions
organiques.
Les recherches dans le domaine des dérivés fluorés
portent essentiellement, depuis ces dernières années, sur
la mise au point des « substituts » : substitution dans les
années passées des CFC par les HCFC ; substitution dans
les années actuelles et futures des HCFC par les HFC.
En 1999,
la fabrication des HCFC et des HFC repose sur huit producteurs mondiaux
: Ausimont USA Inc., DuPont, Elf Atochem North America Inc., Great Lakes
Chemical Corp., Honeywell, I.C.I. Americas Inc., La Roche Chemicals Inc.,
et MDA Manufacturing Ltd qui est une joint venture entre Daikin America
Inc. et 3M Corp. pour la production de HCFC 22 et dhexafluoropropane
pour utilisation captive dans la fabrication de fluoropolymères.
a) Les fluides CFC (11, 12, 113, 114, 115
)
Ce sont des dérivés chlorofluorés du méthane
et de léthane chimiquement inertes, dont les atomes dhydrogène
sont, totalement ou non, remplacés par des atomes de chlore et
de fluor. Ils sont utilisés à létat pur ou
en mélange azéotropique, ou encore pseudo-azéotropique.
Les chimistes
emploient trois modes de notation différents pour nommer les divers
CFC quils fabriquent et utilisent. La première option consiste
à les désigner par la lettre F (pour Fréon) suivie
dun nombre ABC où A = (nombre de C 1), B = (nombre
de H + 1) et C = nombre de F. Si A est égal à 0, il est
omis dans la formule. La seconde option consiste à remplacer le
F par la lettre R (de langlais refrigerant) suivi du chiffre caractéristique
de leur composition atomique comme précédemment (exemples
: R12, R134a). La troisième option est de les nommer complètement
: CFC 12, CFC 134a.
Parmi les
CFC les plus connus, figure le dichlorofluorométhane CCl2F2 ou
CFC 12 ou F 12, plus connu du public sous la marque de ®"Fréon"
et utilisé à la fois comme propulseur d'aérosol,
réfrigérant, agent émulsifiant, solvant. Spécialisé
dans les applications au voisinage de 0°C, il a été
utilisé principalement pour la climatisation des locaux de travail,
les pompes à chaleur industrielles, la réfrigération
et le stockage des denrées fraîches.
Parmi les autres CFC très connus, figurent le CFC 11 ou F 11 ou
trichlorofluorométhane CFCl3 (propulseur d'aérosol, réfrigérant,
agent émulsifiant, solvant, utilisé dans les machines centrifuges),
le F 114 ou dichlorotétrafluoroéthane C2F4Cl2 (gaz propulseur
daérosols, gaz propulseur de mousse, fluide diélectrique),
le F 113 ou trichlorotrifluoroéthane C2F3Cl3 (solvant de lavage
à sec, extincteur de feu, réfrigérant, solvant de
séchage, gaz propulseur de mousse), le F 115 (climatiseurs et réfrigération)
et le F 502 (mélange de HCFC 22 et de CFC 115, cf. le § des
HCFC ci-dessous). Ces molécules sont très stables grâce
aux liaisons fortes C-Cl et C-F. Les CFC sont donc chimiquement inertes
et présentent de très faibles risques dinflammabilité
et de toxicité. Ces propriétés les rendaient donc
très attrayants pour les usages domestiques.
Les CFC assurent tous les niveaux de température des machines frigorifiques
(y compris des réfrigérateurs ménagers) et des pompes
à chaleur, utilisés entre autre comme gaz réfrigérant
ou comme gaz propulseur dans les bombes aérosols. Ce dernier marché
a été le plus important en Europe jusquà ce
que le protocole de Montréal en 1987 (cf. chapitre 6) aboutisse
à y interdire lusage des différents CFC à court
ou moyen terme, selon leurs caractéristiques : lapplication
aérosol qui pouvait être substituée facilement par
des produits non fluorés (en général des mélanges
butane/propane) a été la première à disparaître
en Europe. Il ne reste plus que des applications marginales dans le domaine
de la santé ou de la sécurité incendie.
Le CFC 113 connaît actuellement un certain succès car ils
ne tombe pas sous le coup des interdictions environnementales (ni couche
dozone ni effet de serre) étant détruit pendant le
processus de fabrication.
Compte tenu des décisions du protocole de Montréal, lindustrie
chimique a cherché des fluides de remplacement (ne contenant pas
de chlore afin de préserver la couche d'ozone), ce qui a nécessité
un délai détude et de développement dune
quinzaine dannées. Ces nouvelles substances sont des halogénés
non chlorés, les hydrofluorocarbones (HFC), plus riches en fluor,
et les hydrochlorofluorocarbones (HCFC) qui sont des fluides de transition
moins agressifs, ces deux familles étant appelées parfois
les hydrofluoroalcanes (HFA) ou FORANE, notamment en France. b) Les fluides
HCFC (22, 123, 124, 140, 141b, 142b, 225 etc.)
On a mis au point les hydrochlorofluorocarbones ou HCFC, qui sont un compromis
avec l'hydrogène permettant de descendre la nocivité par
rapport à l'ozone à 5 % de celle des CFC.
Lindustrie chimique française occupe en bonne place dans
ces innovations technologiques. Premier producteur mondial de substituts
aux CFC, Elf Atochem a mis au point, au niveau du laboratoire et des pilotes,
de nouveaux produits sans action sur l'ozone stratosphérique, destinés
à achever la reconversion des différents marchés
en conformité avec les réglementations établies dans
le cadre du Protocole de Montréal.
Les substituts aux CFC actuellement les plus courants sont les HCFC 22,
123, 124, 141b, 142b et 225. Ils ont des agressivités sur lozone
bien inférieures à celles des CFC 11, 12 et 113 qui auparavant
comptaient pour 90 % de la consommation des CFC.
Le HCFC 141-b s'avère la substance de transition la plus adaptée
comme agent d'expansion des mousses polyuréthane en remplacement
du CFC 11 ou comme solvant dans les industries de pointe à la place
du CFC 113 offrant le meilleur compromis entre l'économie, la sécurité
et la préservation de l'environnement. Ce composé devra
cependant être à son tour remplacé à moyen
terme.
Le HCFC 123 est en train de remplacer le CFC 11, le HCFC 124 remplacera
le CFC 114 et peut-être le CFC 12, et les HCFC 141b et 142b ont
pratiquement remplacé la part de CFC 11 et 12 qui était
utilisée pour la propulsion des mousses. Les perfluorocarbones
HCFC 141b et 225, ainsi que des hydrofluoroéthers, ont remplacé
certains CFC solvants.
Le chlorodifluorométhane CHClF2 ou HCFC 22 était autrefois
utilisé comme propulseur d'aérosol et agent frigorigène
(utilisé depuis des décennies dans les climatiseurs d'habitations,
et dans les installations de congélation et de stockage des denrées
surgelées de type industriel), ainsi que comme solvant de basse
température. Il est aujourdhui à la base du tétrafluoroéthylène,
de l'hexafluoropropylène et du bromotrifluorométhane. Il
est, en outre, la matière première des résines fluorées,
et donc pas concerné dans cette application par les interdictions
touchant à la protection de l'ozone. En le mélangeant au
R 115 on obtient le R502 utilisé couramment pour générer
les basses températures telles la congélation et le stockage
des surgelés et des crèmes glacées. Ce frigorigène
est également utilisé dans les circuits des meubles «
surgelés » des magasins types super et hyper marchés.
Le HCFC 22 et le HCFC 142b connaissent actuellement un certain succès
car ils ne tombent pas sous le coup des interdictions environnementales
étant détruits pendant le processus de fabrication.
Pour la grande masse des HCFC néanmoins, la réglementation
effet de serre a programmé le bannissement à moyen terme,
à commencer par le HCFC 141b qui entre en application le 1 janvier
2003.c) Les fluides HFC (22, 125, 134a, 152, 227, etc.)
Parmi les HFC qui ont le vent en poupe car ils ne contiennent pas d'atome
de chlore et n'ont donc pas d'action sur l'ozone, le HFC 134a ou R134a
de formule CH2FCF3 figure en tête. C'est le principal substitut
du CFC 12 dans les climatiseurs d'automobiles, on l'utilise comme frigorigène
dans les nouveaux réfrigérateurs et congélateurs
industriels, et comme propulseur dans les aérosols et dans les
gonfleurs de pneus. Il présente des inconvénients mais de
nombreux avantages, qui justifient sa vogue actuelle.
En effet lemploi de ce fluide a soulevé quelques difficultés
technologiques concernant la lubrification des compresseurs, le choix
des vernis des moteurs électriques pour les machines hermétiques
et la détection des fuites. De plus, le coefficient de performance
des machines à R134a est inférieur à celui des machines
à R12 de lordre de 15 à 20 % aux températures
de la congélation. Enfin, bien qu'il soit inoffensif pour lozone,
on dimensionne mal son impact possible sur l'effet de serre.
En revanche, les fabricants d'aérosols sont désormais tenus
d'utiliser des propulseurs ayant une teneur maximum en composant organique
volatile de 45 à 55 %. Or, le HFC 134a répond (avec le HFC
152a) à ces spécifications et le HFC 134a présente
en outre l'avantage d'être ininflammable. Depuis le début
1999, les distributeurs de gonfleurs de pneus commencent à exiger
que les matériaux soient ininflammables, ce qui a augmenté
la demande pour le HFC 134a, et corrélativement son prix. Le HFC
134a et le HFC 227 sont en cours de test pour utilisation dans les aérosols
pharmaceutiques également.
Le HFC 142b et le HFC 152a, le HCFC 142b connaissent actuellement un certain
succès car ils ne tombent pas sous le coup des interdictions environnementales
étant détruits pendant le processus de fabrication. Le HCF
32 connaît également un essor, utilisé avec le HFC
125 dans le nouveau réfrigérant R410a qui doit remplacer
le HCFC 22.
Les HFC 23, 32, 125, 143a et 152a sont produits en petites quantités
actuellement, pour des usages domestiques très spécifiques.
Des tests sont en cours sur des mélanges de HFC 134a et 227a pour
les aérosols médicaux, sur le 245fa qui pourrait remplacer
le HCFC 123, sur des mélanges de 245fa et de 356 qui pourraient
remplacer le HCFC 141b. Le HFC 4310 est testé pour remplacer le
CFC 113, les HCFC et les perfluorocarbones dans les fluides de séchage
et dans les agents de nettoyage et rinçage, etc.
Les différents tests réalisés par Solvay Fluor et
par Elf Atochem avec plusieurs utilisateurs européens ont montré
que le HFC 365 mfc offrait un bon potentiel comme substitut également.
Se présentant sous forme liquide comme le HCFC 141-b, le HFC 365
mfc s'avère techniquement efficace, notamment dans l'expansion
des mousses polyuréthane comme dans les applications solvants tout
en répondant aux objectifs économiques des clients finaux.
Ces programmes de recherche et de développement, complémentaire
des efforts menés par les laboratoires américains d'Elf
Atochem sur le HFC 245 fa, doivent maintenant faire l'objet d'études
complémentaires destinées à confirmer ces performances
applicatives et à vérifier l'innocuité du composé
au plan toxicologique comme à celui de l'impact sur l'environnement.
d) Les polymères fluorés thermostables : leur avenir considérable
dans les usages autres que les fluides.
Dans la fabrication des polymères fluorés on utilise le
CFC 113, le HCFC 22 et le HCFC 142b (qui ne tombent dans ce cas pas sous
le coup des interdictions environnementales -ni protocole de Montréal
ni amendements du Clean Air Act de 1990- étant détruits
pendant le processus de fabrication), ainsi que le HFC 152a.
Orientation
bibliographique:
Feraud
Jean (1999)-Mémento des roches et minéraux industriels :
la fluorine ou spath fluor. Rap. BRGM R 40825
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