La
rubrique présentée ici n'est pas là pour nous faire jouer
un rôle de "justiciers de la minéralogie", mais juste afin
de vous montrer quelques modifications, arrangements ou contrefaçons que
nous sommes tous susceptibles de rencontrer un jour. On
peut distinguer plusieurs catégories : La
synthèse: Prenez du sel de cuisine (NaCl), dissolvez quelques grammes
dans de l'eau (50ml) et une fois la dissolution totalement effectuée, coulez
votre mélange dans un ramequin que vous oublierez volontairement sur le
haut d'une armoire, par exemple (lieu immobile - théoriquement!). Lorsque
toute l'eau se sera évaporée, vous retrouverez des beaux petits
cristaux cubiques. Le même système, à l'échelle
industrielle (et avec des techniques considérablement plus développées
- procédé Verneuil...) permet de former des cristaux de rubis (utilisation
pour les lasers), des diamants (très petits et utilisés comme abrasif
pour les scies)... On voyait, il y a quelques temps, des cristaux de sulfate de
cuivre qui étaient spectaculaires...mais qui ont été interdits
de commercialisation à cause d'empoisonnement chez de jeunes enfants.
|
|
Fluorine(?????)
Pièce provenant des Pays de l'Est. Aucune localité signalée!!!
| Dans
le cristal, des germes sont visibles...Ils sont la base de la cristallisation. |
|
|
Quelques doutes peuvent subsister : cette améthyste est une pièce
de synthèse... mais l'identification est peu aisée. u |
|
|
|
Monocristal
de quartz de synthèse - 20 cm de longueur u |
|
|
|
Certains
se sont fait une spécialité de la synthèse jusqu'à
en faire le commerce. Ci-dessus, un sulfate d'aluminium et de magnésium
qui ressemble à du soufre. Tout est permis du moment que l'on prévient! |
|
|
"Classique" chalcanthite de synthèse, faite à partir
de sulfate de cuivre II en solution. Le commerce aurait été interdit
pour cause d'empoisonnement de jeunes enfants qui auraient porté le cristal
à la bouche... |
Dans
le domaine de la synthèse et de l'imitation, nombreux sont les exemples
que nous pouvons trouver dans le domaine des pierres précieuses. Le minéral
principal qui donne lieu à des imitations est, bien entendu compte tenu
de son prix élévé, le diamant. Une bonne imitation est
l'oxyde de zirconium, dont la brillance et les feux se rapprocheznt assez bien
du diamant. Les
synthèses ne datent pas d'hier. De tous temps, l'homme à cherché
à imiter la nature, notamment en ce qui concerne les richesses les plus
rares. Les Egyptiens avaient décidé d'utiliser des verres à
la place de minéraux (pour leurs parures...). La synthèse n'avait
pas toujours pour dessein de tromper... Les industries sont demandeuses de synthèses
: le diamant de synthèse est l'exemple le plus connu, pour son emploi dans
les scies. Des minéraux fabriqués au 19ème siècle
sont visibles à l'Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris.
Voici quelques exemples:
©
Musée Ecole des mines de Paris |
©
Musée Ecole des mines de Paris |
©
Musée Ecole des mines de Paris |
Une
des toutes premières émeraudes synthétiques (19 ème
siècle) |
Echantillon
synthétique de " chromate de baryte cristallisé "
de Le Bourgeais. 1879 |
Echantillon
synthétique de ferro-tungstène fabriqué à l'Ecole
des Mines de Paris par H. Le Chatelier. |
©
Musée Ecole des mines de Paris |
©
Musée Ecole des mines de Paris |
©
Musée Ecole des mines de Paris |
Synthèse des minéraux des roches par F. Fouqué et Michel
Lévy, Paris, 1882. Page de garde Figure 1: leucotéphrite
artificielle. Figure 2: basalte artificiel Figures avec un calque soulignant
les formes des cristaux dans les roches artificielles obtenues
|
Le
spécimen irradié : Il s'agit de donner une apparence plus "commerciale".
L'exemple typique est le quartz morion de l'Arkansas. Initialement, il est blanc,
limpide... et après irradiation gamma, il est noir et brillant. Dès
lors, il se vend mieux grâce à quelques heures d'intervention humaine...
L'irradiation naturelle, par contre, prend plusieurs milliers d'années
: quart morion du Massif Central, quartz fumé alpin... Comment reconnaître
l'irradié naturel de l'irradié artificiel? Nous ne faisons que donner
des pistes... Le
spécimen chauffé : Phénomène classique et "admis"
(sous certaines réserves, notamment celle de prévenir l'acheteur!)
en gemmologie. Les exemples les plus communs sont : -l'améthyste
que l'on passe dans un four pendant quelques heures, et qui prend un teinte citrine.
En fait, la chaleur à provoqué une transformation des ions Fe2+,
responsables de la couleur violette, en ions Fe3+ qui donnent au minéral
la couleur ocre-jaune (intensité de la teinte qui est fonction de la concentration
en ions Fe). Le spécimen est donc ensuite taillé et vendu sous le
nom de citrine...logiquement, le vendeur devrait préciser s'il s'agit de
la citrine naturelle ou artificielle. Ce qui ne permettra pas de confusion, par
contre, est la pierre appelée"améthrine" qui est en partie
violette et qui présente un autre pôle du cristal couleur citrine.
Ce minéral a été formé dans de conditions naturelles...
et ceci est sûr, car le moyen d'obtenir ces deux couleurs artificiellement
sur un même cristal, n'a pas encore été trouvé!
-la topaze : bien bleue, elle est fort possible qu'elle ait été
chauffée. Mais il existe des topazes bleues non chauffées... en
quantité nettement plus rare ... Les exemples sont nombreux...
|
|
|
Topaze bleue : à gauche (photos 1 et 2), le spécimen n'a pas
été chauffé et est présenté tel quel. Provenance:
Virgem de Lapa, Minas Gerais, Brésil. A droite, un exemplaire de topaze
chauffé, dont la couleur est soutenue. Des clivages sont survenus lors
de l'opération. |
Le
spécimen recollé (en place) : Cela se produit pour des spécimens
de grande rareté, ou bien ceux auxquels le collectionneur attachera une
importance sentimentale par exemple. Certaines fluorines roses du Massif du Mont-Blanc
ont été remises en place sur les quartz fumés sur lesquels
elles s'étaient développées. On peut voir aussi l'exemple
avec l'émeraude sur gangue...L'honnêteté voudrait que l'on
signale cette réparation lors de la vente. Il en est de même pour
les spécimen à gangue consolidée pour éviter que toute
la pièce ne se transforme en puzzle.
|
|
Malachite "malachitée"! De la poudre de malachite a été
collée sur une pièce qui devait avoir des défauts (cassures,
partie abîmée...). La gangue est bien dela malchite, et la couche
supérieure aussi... mais entre les deux se trouve une petite couche de
colle! |
|
|
|
Une
hématite de Binen -Valais-Suisse. Une pièce peut rester longtemps
en collection avant que le propriétaire ne se rende compre de la supercherie.
Ici, 3 roses d'hématite (sur 4!) ont été recollées
à l'aide d'un ciment fabriqué avec la poussière de la gangue
du minéral. Le temps aidant (ou n'aidant pas!), la couleur du ciment
a évolué et sa texture également... u |
Le
specimen collé...plus en place: on les trouve en fonction de la culture
minéralogique des fabricants. En effet, certains n'oseront pas associer
une fluorite à une agathe!!!! mais d'autres oseront des associations plus
subtiles tout à fait plausibles : l'association de 2 mineraux d'une même
formation géologique, mais de lieux différents...
|
|
|
La
pièce est très esthétique... mais le cristal principal a
été collé sur la gangue de grenats. La jointure a été
camouflée avec de la poudre de la gangue afin qu'aucune bavure de colle
ne soit visible.
|
Dans
le même genre et très courrant, on trouve les "géodes
Berbères" : il s'agit de géodes de calcédoine dont
l'intérêt minéralogique est limité, et dont on a tapissé
l'intérieur de cubes de galène de tailles différentes. Ceci
est fait en déposant un film de colle puis en plaçant quelques cubes
obtenus par clivage naturel de la galène. Le reste de la géode est
alors rempli avec des résidus de clivage de la galène, qui vont
se coller dans les zones non encore occupées. C'est l'archétype
du "faux"...
|
|
|
|
Ci dessus : galène "pilée" collée à l'intérieur
d'une géode de calcedoine marocaine. La galène a été
fixée là où la colle était, et parfois le tapis de
galène n'est pas homogène (photo de droite). Des spécimens
plus "élaborés" sont également disponibles : des
cubes plus important en taille sont d'abord déposés individuellement,
puis les zones restantes sont recouvertes de petites cristallisations qui se déposent
au hasard. On a ainsi des pièces plus esthétiques...
|
|
Il est à noter que certains spécimens minéralogiques ont été immergés dans des eaux chargées en certains éléments qui ont fini par se déposer sur les cristallisations déjà existantes.Ceci s'est fait dans certaines mines. On a ainsi des associations totalement impossibles mais seul un oeil averti et une connaissances des gisements peuvent le détecter... mais cela reste "sportif". UNE
NUANCE: L'utilisation
des clivages naturels: Ceci est principalement visible avec la fluorine. Celle-ci
se clive assez aisément (avec un peu de savoir faire tout de même!)
selon des plans. A partir d'un cube, on obtient un octaèdre. C'est la majeure
partie des octaèdres qui ne sont pas sur gangue, disponibles sur le marché.
L'avantage est de pouvoir récupérer une forme cristalline présentable
à partir d'un cube qui ne l'était plus du fait de coups...
|
|
Octaèdre
de fluorine chinoise de 3 cm d'arête. On peut voir des zonations de couleurs
qui étaient paralèlles aux faces initiales du cube. u |
Le
specimen retravaillé: Il faut bien distinguer l'endroit de l'envers.
Ici, nous présentons uniquement la partie minéralogiquement intéressante
(exemple : la malachite cristallisée). Par contre le travail de l'envers
ne peut être considéré comme une contrefaçon. En
ce qui concerne la modification des cristallisations, ceci peut se faire à
l'aide de différents moyens chimiques et/ou mécaniques. Un exemple
était un quartz qui avait subi quelques petits chocs lors de son extraction.
Cette pièce attegnait une valeur...certaine, et pour la présenter
sans monter que la main de l'homme avait été maladroite, de l'acide
fluorhydrique avait été utilisé pour donner un aspect naturel
aux cassures...(*) Les
pierres recontituées : La turquoise est l'exemple le plus courant.
Des déchets de taille ou de la poudre sont assemblés à l'aide
d'un liant pour obtenir une masse solide plus importante. L'utilisation de résines
est possible, tout comme des matières plastiques. En ce qui concerne la
turquoise, certains exploitants utiliseraient de la résine qu'ils injecteraient
dans les couches de turquoise (encore en place), et ne pourraient l'extraire que
lorsque cette résine se serait polymérisée. L'extraction
serait impossible autrement du fait que la turquoise serait sous forme d'une boue
emprisonnée... Cependant,
cela ne s'arête pas là. Ces techniques sont aussi utlisées
par des restaurateurs d'antiquités et d'objets d'art. En effet, une commode
Louis XVI dont le marbre est fendu pourra bénéficier des matériaux
et savoir-faire actuels. On pourra ainsi "resouder" les différents
parties sans que cela puisse se voir. Un risque cependant, réside dans
la pérénité de l'opération : nous avons vu certaines
restauration devenir de plus en plus visibles au cours du temps. Sur un marbre
recollé, cela apparaît comme une veine de couleur devenant de plus
en plus contrastée avec les autres... Le veillissement des résines
est mal contrôlé, est des laboratoires ont travaillé sur les
résines utilsées dans la reconstitution des dinosaures, par exemple.
Un exemple désagréable de vieillissement visible est aussi apparu
dansune collection de faïences anciennes : avec le temps, des morceaux entiers,
qui avaient été reconstitués sont devenus de plus en plus
jaunes avec le temps, montrant une différence de teinte avec le reste de
la pièce... Il est inutile de décrire l'état d'esprit du
collectionneur qui avait acheté la pièce comme étant parfaite
et non reconstituée!!! L'ambre
est aussi concerné : du fait que c'est une matière qui fond facilement,
des morceaux sont facilement agglomérés par simple fusion. On peut
se consoler en se disant qu'il n'y a pas de matériau de synthèse
ajouté! On trouve quand même, et de façon importante, de l'ambre
non reconstitué...
|
|
A
gauche: turqoise brute. A droite : turqoise travaillée en cabochon,
montée sur argent. u |
A
NE PAS CONFONDRE AVEC... Le
travail de la gangue (envers de la pièce) : il nous semble indispensable
de parler ici de ce travail qui peut être effectué avec plus ou moins
de finesse, en fonction des moyens techniques dont on dispose. Le collectionneur
sur le terrain ne voudra pas s'encombrer de kilogrammes superflus, surtout s'il
se trouve à bonne distance de son moyen de locomotion. Aussi n'hésitera
t'il pas à user de ses outils pour faire partir un morceau de gangue. Si
cela s'avère trop risqué, le travail pourra être fait à
l'aide d'une scie diamantée. Mais il est vrai que certains n'apprécient
pas de voir une pièce à l'envers bien droit et lisse. Cela se comprend.
C'est pourquoi il existe un système dit de "blastage" (sorte
de sablage avec des grains plus ou moins fins), qui permet d'attaquer la gangue
à l'endroit où elle a été sciée, pour lui redonner
un aspect naturel (cassure, zone de contact...). Ceci n'est en aucune façon
un "traffic" de mineral. Les marchands de tels systèmes sont
bien représentés et présentent leur matériel sur certaines
bourses internationales... Le
nettoyage des minéraux : Là aussi, certains puristes diront
qu'un minéral ne doit pas être nettoyé, et présenté
tel qu'il a été trouvé. Il est extrêmement rare de
trouver un minéral qui ne soit pas sali, soit par des oxydes de fer, soit
par de la "boue", ou bien par d'autres produits secondaires qui découlent
de l'altération de la roche encaissante et qui sont plus ou moins tenaces.
Une fluorine (par exemple!), aussi belle et brillante soit-elle, sous une couche
d'oxydes de fer ne présente aucun intérêt. Pour cela des produits
divers peuvent être utilisés. Le plus difficile est d'utiliser celui
(ou ceux) qui n'ont pas d'action destructrice sur la cristallisation qui nous
intéresse... La Revue "Le Règne Minéral" présente
depuis le mois de juin 2004 des méthodes de nettoyage. Nous
parlions d'utilisation d'acides pour mettre en valeur des pièces minéralogiques.
Certes, il peut y avoir une dérive comme mentionnée ci dessus (voir
*), mais son utilisation est particulièrement bien adaptée pour
dissoudre le quartz de certain échantillons qui seraient invibles sans
ce procédé. A titre d'exemple, nous pouvons prendre les derniers
octaèdres de fluorine chinoise qui sont initialement noyés dans
le quartz. Leur couleur bleu-vert est ainsi mise en valeur. Mais ceci s'est également
vu pour quelques rares pièces de fluorine et barytine du Maroc qui étaient
dissiulées sous plus d'un centimètre de quartz marron, sale, terne...
et sans aucun intérêt minéralogique. Ainsi,
et nous le répétons, ceci n'a pour but que de developper un petit
peu l'esprit critique du lecteur. Nous n'avons pas la prétention de tout
savoir, mais nous tenons juste à informer quant aux surprises que l'on
peut découvrir... Par
ailleurs, si vous êtes en posséssion d'un"faux" ou specimen
qui n'est pas "conforme aux lois naturelles", vous pouvez aussi nous
le faire savoir. Spathfluor se fera un plaisir d'enrichir cette rubrique... en
restant discret, cela va de soi! |